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Libération
TRIBUNE

La liberté d’expression et le Prophète de l’islam

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publié le 23 septembre 2012 à 19h06

Avant d'écrire mon roman les Filles d'Allah dont Mahomet, le Prophète de l'islam, est un des personnages, j'ai cherché en vain dans la littérature turque traditionnelle ou moderne un texte qui ferait du messager d'Allah un personnage de fiction. Il n'y en avait pas. Il n'y avait pas non plus la moindre trace d'une approche objective ou sarcastique de cet homme qui fut un bon père de famille et un bon caravanier avant d'être un prophète. Certes, depuis l'islamisation des Turcs au XIe siècle, l'éloge de Mahomet est redondant dans le discours populaire tout comme dans la poésie savante et mystique, mais un regard objectif ou simplement dépourvu de la foi manque curieusement. Dans mon roman, j'ai essayé de combler cette lacune. Cela m'a coûté un procès pour blasphème.

Faire d'un prophète un personnage de roman semble encore plus difficile, sinon dangereux, dans un pays musulman que dans un pays chrétien. Le sacré reste suspendu sur votre tête comme l'épée de Damoclès, prête à vous décapiter à la moindre réaction des croyants ou du pouvoir politique. Après la fatwa contre Salman Rushdie et l'affaire des caricatures au Danemark, nous assistons aujourd'hui à l'embrasement général du monde musulman à cause d'un film qui est «un chapelet d'insultes» selon l'expression de Malek Chebel ou «écœurant» selon Hillary Clinton et qui ne mérite pas à mon sens une telle mobilisation. Mais les croyants qui se sentent blessés sont décidés à aller jusqu'au bo