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TRIBUNE

En Allemagne, ce que la crise rappelle

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par Gabriel Richard-Molard, Chercheur en droit public européen et comparé aux universités de Potsdam et Paris-I, vice-président de la Commission Europe du SPD Berlin et Nelly Morisot, Membre du Parti socialiste
publié le 25 septembre 2012 à 19h06

La Cour constitutionnelle allemande a rendu le 12 septembre un arrêt en procédure d'urgence sur la signature du pacte budgétaire et sur l'adhésion de la république fédérale d'Allemagne au Mécanisme européen de stabilité (MES) que la première économie européenne était jusqu'alors le dernier Etat membre à ne pas avoir ratifié. Sa décision a été reçue avec soulagement par les milieux financiers et politiques et interprétée comme le signal d'une reprise européenne. Elle n'est cependant pas une surprise au regard de sa jurisprudence ni même d'un certain Zeitgeist («esprit du temps») en vogue sur la rive droite du Rhin.

Chaque nation a, dans son histoire, cristallisé sa perception de son propre passé autour d’éléments spécifiques qui conditionnent aussi ses réactions politiques et diplomatiques présentes. Les Lumières et la Révolution façonnent, par exemple, la vision française de l’Europe d’abord traitée en termes de puissance politique et culturelle. L’Allemagne d’aujourd’hui est, quant à elle, l’héritière de plusieurs éléments dominants tels que le capitalisme rhénan, l’hyperinflation sous Weimar et les conséquences du nazisme.

Sommée de se «racheter» après 1945, l'Allemagne a concentré ses forces sur l'économie, se faisant discrète sur le plan diplomatique, à tel point que cette nouvelle Allemagne fut d'abord et avant tout celle du Wirtschaftswunder («miracle économique»). Les résultats actuels en apparence excellents d'une économie basée sur l'export européen