Menu
Libération
TRIBUNE

La tragédie syrienne, un test majeur pour l’UE

Article réservé aux abonnés
par Marc Pierini, Ancien diplomate de carrière de l’Union européenne, travaille actuellement avec le Carnegie Endowment for International Peace
publié le 25 septembre 2012 à 19h06

Depuis dix-huit mois, le peuple syrien a payé un très lourd tribut à la révolution : civils massacrés sans distinction, enfants torturés, violations du droit humanitaire international. Au moment où une résolution internationale du conflit semble hors de portée, il est grand temps de faire un geste fort pour le sauver.

Cela passe, notamment, par un abandon de la théorie européenne sur la «neutralité» de l'aide humanitaire et par une pleine coopération de la Turquie et du Liban avec la communauté internationale. L'Union européenne et la Turquie, conjointement, doivent être à la pointe de cet effort. Militairement, la révolution est faible par rapport au régime de Damas. Ce dernier ne montre aucune inhibition et perçoit sans doute l'impasse à l'ONU comme un «permis international de tuer». Comme le disait Rami Makhlouf, le cousin de Bachar al-Assad, au New York Times (11 mai 2011) : «Nous combattrons jusqu'au bout […]. Ils doivent savoir que si nous devons souffrir, nous ne souffrirons pas seuls.»

Le concept de «zones de sécurité» en Syrie est désormais abordé avec circonspection, car il est presque impossible à mettre en œuvre. Et il est dangereux car ces zones pourraient devenir autant de Srebrenica syriens. Et pourtant, les chiffres de l’ONU sont alarmants : 2,5 millions de personnes déplacées en Syrie même, 277 000 réfugiés en Irak, Jordanie, Liban et Turquie, près de 30 000 morts. Des centaines de millions d’euros ont été allouées, notamment par l’UE, mais l