Les coutures de l'Espagne semblent craquer de partout. Alors même que le pays s'enfonce dans la récession et s'efforce de différer l'inéluctable aide européenne pour soulager sa dette souveraine, les tensions se font plus palpables : mardi, le leader nationaliste catalan, Artur Mas, a convoqué des législatives anticipées pour la fin novembre «afin de mettre le cap sur l'autodétermination», cette riche région s'estimant lésée par le pouvoir central sur le plan fiscal. Quelques heures plus tard, à Madrid, des milliers d'Indignés ont convergé vers la Chambre des députés, avec l'intention d'occuper l'Hémicycle, car - disent les organisateurs - «notre classe politique, aux mains des pouvoirs financiers, ne nous représente plus du tout». Aux abords du Parlement, de violents affrontements ont opposé les manifestants et les 1 500 policiers anti-émeutes - des Unités d'intervention policière venues de tout le pays -, se soldant par 28 interpellations et 64 blessés, dont près de la moitié parmi les forces de l'ordre.
«Outre le péril de rupture territoriale, il nous faut affronter celui de la fracture sociale», s'inquiète l'analyste Gonzalo López Alba, en référence à la menace indépendantiste en Catalogne et aux convulsions sociales qui vont s'aggravant. Le rythme effréné des protestations (contre les coupes budgétaires dans la santé et l'éducation, la hausse des impôts, la suppression du 13e mois des fonctionnaires…) traduit le fossé grandissant ent