Amer Juma, 62 ans, pourrait passer pour un membre du gouvernement libyen. Vêtu d'une djellaba et d'un koufi, il reçoit, souriant, dans un bureau où un écran plat diffuse une chaîne d'information. Un drapeau libyen monté sur une hampe est posé sur sa table. Mais Amer Juma ne fait pas partie du gouvernement. Il est à la tête de la katiba («brigade») Saraya al-Hamra, le Château rouge - «rouge comme le sang», explique Hicham, l'un de ses membres.
Malgré l'ordre donné aux milices de se soumettre, le groupe du colonel à la retraite de l'armée de Kadhafi est encore bien armé. Un pick-up surmonté d'une mitrailleuse accueille les visiteurs dans l'ancienne réserve d'une banque, en centre-ville. A l'intérieur, des hommes armés déambulent. En janvier, Amer Juma a décidé de mettre ses hommes dans le rang. Ils ont signé un contrat avec le ministère de l'Intérieur. «Quand la police veut appréhender une personne ou organiser un check point, ils nous appellent. Car ils ne sont pas armés. Nous, si», résume-t-il. Les armes, nerf de la guerre, c'est pour les récupérer que les autorités exigent la dissolution des brigades ou leur intégration.
Loi. Amer Juma a choisi la seconde solution pour son groupe qui a compté jusqu'à 1 850 combattants. L'ancien militaire croit à la force de la loi, pas aux hommes qui l'édictent. «Abdel Rahim al-Kib [Premier ministre par intérim, ndlr], Mohamed al-Magarief [Premier ministre élu mais non investi]