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Libération
Interview

«Je n’ai pas été détruit par cette épreuve»

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Dans les archives de «Libé», il y a vingt ans. Condamné à mort par une fatwa de l’imam Khomeiny en 1989, Salman Rushdie s’est confié à «Libération» après plus de trois années de clandestinité, à l’occasion d’une apparition publique à Helsinki.
publié le 28 septembre 2012 à 19h06

«Nous les écrivains du tiers-monde, nous écrivons selon une forme européenne. C’est le roman qui fonde la culture européenne. La question qui se pose, à travers moi, est de savoir si l’Europe est prête à défendre les formes qui la définissent. Est-ce que le continent de la culture du roman saura défendre ses romanciers ? Quand la fatwa a été lancée contre moi, les chefs de l’Iran pensaient que la question serait vite réglée. Ils se sont trompés. Ils croyaient s’attaquer à un homme, ils se sont attaqués à l’un des principes d’une société. Depuis trois ans et demi, les gouvernements occidentaux me permettent de survivre et de voyager non pas parce qu’ils aiment mes romans, mais pour défendre un principe. Les mollahs pensaient que nous n’avions plus rien, sauf le sida, et qu’eux avaient tout, Dieu, le prophète, la foi. Il faut leur montrer que la culture occidentale a sauvegardé des valeurs fondamentales, mon cas est un test.»

Mardi, les cinquante députés et personnalités venus assister à la Conférence culturelle annuelle du Conseil nordique n’en revenaient pas : l’homme qui s’adressait ainsi à eux n’était ni scandinave ni balte. Il s’appelait Salman Rushdie, et sa tête vaut 2 millions de dollars depuis qu’en février 1989, l’ayatollah Khomeiny a lancé contre lui une condamnation à mort, pour avoir blasphémé contre l’islam dans son roman les Versets sataniques.

Mardi, donc, Salman Rushdie était en Finlande. Une fois de plus, l’écrivain indien, citoyen brit