Verra-t-on, à plus ou moins long terme, un Etat alaouite en Syrie ? Alors que le pays s’enfonce encore et encore dans une guerre qu’il faut bien nommer civile, la question se pose de plus en plus au regard des nombreuses familles de cette confession qui ont commencé à se replier dans ce que les experts appellent le «réduit alaouite». Historiquement, celui-ci s’étend peu ou prou de la frontière libanaise à celle de Turquie, incluant certaines villes du littoral (Lattaquié, Banias, Tartous) et la montagne qui porte ce nom.
«Corridor». «Il y a un processus de constitution d'un réduit alaouite, résume Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient. Dans certaines zones, par exemple Damas et sa région [où l'on compterait entre 600 000 et 900 000 alaouites, ndlr], les alaouites quittent leurs villages ou leurs quartiers pour se réfugier dans cette région. En général, ce sont les femmes et les enfants qui partent, pour des raisons de sécurité, les hommes conservant leur emploi sur place. Parfois, c'est toute la famille qui s'en va.»
Officiellement, le scénario d'un nouvel Etat n'est évidemment pas à l'ordre du jour. Et si le réduit alaouite se constitue, ce sera après la défaite de Bachar al-Assad, sa dernière planche de salut. «On peut penser qu'après quelques années de guerre civile sanglante, cela devienne un état de fait, que les sunnites rebelles et les sunnites pro-régime se