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Libération

Le procès d’une femme violée par des policiers secoue la Tunisie

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La Tunisie après Ben Alidossier
La victime, ainsi que son compagnon, comparaissent pour «outrage à la pudeur». Un moyen, selon leur avocate, de les intimider pour qu'ils retirent leur plainte contre les policiers qui ont violé la jeune femme.
publié le 1er octobre 2012 à 22h16

Violée, elle n'est pas épargnée par les poursuites. Une femme de 26 ans et son compagnon sont auditionnés aujourd'hui devant le juge d'instruction pour «outrage public à la pudeur». Ils sont pourtant à l'origine de la plainte contre trois policiers, pour viol et extorsion. Les agents sont en détention préventive. Le parquet a ouvert une instruction contre eux, mais aussi, sur la base du témoignage des mêmes agresseurs présumés, contre le couple. «C'est une intimidation pour qu'ils retirent leur plainte»,dénonce leur avocate Emna Zahrouni. «Au mieux, inculper la victime […] témoigne des immenses lacunes de la loi et de la justice pénale tunisiennes. Au pire, il s'agit d'une manœuvre pernicieuse visant à jeter le discrédit sur une victime de viol», condamne Amnesty International dans un communiqué.

Les faits se sont produits dans la nuit du 3 au 4 septembre. Trois policiers en patrouille trouvent le couple dans une voiture garée à l’écart. Selon le récit livré par les victimes, un policier emmène alors le jeune homme à un distributeur pour lui faire retirer un pot-de-vin de 300 dinars (150 euros environ). Pendant ce temps, la jeune femme est violée sur la banquette arrière du véhicule de police par les deux autres agents. Ceux-ci nient le viol et parlent même d’une relation consentie.

La médiatisation de l'agression avait déjà soulevé l'indignation. Elle s'est accrue lorsque le porte-parole du ministère de l'Intérieur a cru bon de préciser, lors d'une