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Libération

Le mausolée de Bolívar ne laisse pas les Vénézuéliens de marbre

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publié le 4 octobre 2012 à 21h36

Une énorme vague de béton de 50 mètres de haut ornée de carrelage crème semble vouloir engloutir le Panthéon national, une jolie église de style gothique. En plein centre historique de Caracas, dans le quartier d’Alta Gracia, le mausolée à la gloire de Simón Bolívar (1783-1830), héros de l’indépendance, et l’esplanade qui l’entoure sont en phase de construction terminale.

Le monument, voulu par le président Hugo Chávez en hommage au général devenu le symbole de la République bolivarienne du Venezuela, suscite une féroce polémique dans la capitale. «C'est une horreur, comment on peut construire un truc aussi laid ?» se lamente ainsi l'un des gardes en faction devant le Panthéon en désignant la structure métallique déjà rouillée de l'œuvre d'art. Des passants secouent dubitativement la tête en évaluant les dégâts tandis qu'un groupe de gamins profite du lieu désert pour disputer une partie de base-ball. Francisco Sesto, ministre de la Transformation révolutionnaire du Grand Caracas, estime pour sa part que Bolívar «n'était pas conservé selon son rang» dans le vieux Panthéon, tandis que des historiens doutent que le général eut goûté «une réalisation aussi pharaonique et napoléonienne».

L’édifice, qui aurait coûté environ 116 millions d’euros - sans compter d’éventuels «dépassements» qui se règlent généralement de la main à la main - abritera en sous-sol les restes de Bolívar dans un cercueil de cèdre originaire des forêts vénézuéliennes, orné de pierre