L’image vaut bien quelques youyous. Jeudi, à quelques mètres d’un port bouclé par les voitures de police et les bateaux de la gendarmerie - donc, en théorie, inaccessible -, un petit voilier de plaisance donne quelques coups de cornemuse et hisse sa voile aux couleurs de l’association Women on Waves, une organisation néerlandaise qui défend la légalisation de l’avortement. Au Maroc, où interrompre une grossesse est passible de prison, sauf quand la vie de la mère est en danger, et où la venue du bateau pro-IVG avait été interdite, l’image a de quoi faire sourire. Mais c’est un joli coup médiatique et une première en pays musulman.
Seule une dizaine de militants, et le double de journalistes, surtout étrangers, étaient présents pour assister à l'arrivée de ce pavillon féministe. «C'est normal quand on défend un acte tabou dans un pays conservateur», se défend Ibtissam Lachgar, coorganisatrice de l'événement avec l'association marocaine Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). Pour la jeune Marocaine, «il fallait une opération choc pour ouvrir le débat, quitte à être avant-gardiste». A une centaine de mètres, 150 Marocains conservateurs sont venus scander leur haine, à coups de slogans religieux et de photos de fœtus démembrés. Ils crient au complot étranger et dénoncent ce qui, pour eux, équivaut à un assassinat. «Avorter n'est pas la solution, même en cas de viol ! La vie appartient à Allah, ce n'est pas à l'être humain d'y toucher»,<