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Libération
Interview

«Préférer la démocratisation à la démocratie»

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Historien, archéologue et écrivain belge, David Van Reybrouck évoque le Congo Kinshasa qui, depuis des siècles, tend un miroir à l’Occident, à son histoire industrielle et militaire, à ses faux-semblants démocratiques.
publié le 5 octobre 2012 à 19h07

Ce n'est pas une thèse géopolitique, sociologique ou historique sur l'état du plus grand pays d'Afrique subsaharienne, le Congo-Kinshasa, ancien Congo belge, aujourd'hui république démocratique du Congo (RDC). Le livre de David Van Reybrouck est cependant un peu tout cela, la magie en plus. Congo. Une histoire est un roman épique racontant le destin inouï d'un pays qui a été exposé à la mondialisation dès le XIXe siècle. Pays phare, pays miroir de la société mondiale au fil des siècles, mieux, des millénaires. Et si la plume de David Van Reybrouck est bien celle d'un romancier, ses héros sont de «vrais gens» que l'on suit au gré des événements depuis… 90 000 ans ! On dévore cette œuvre littéraire, que l'on soit ou non féru de cette partie du monde. Une lecture indispensable pour comprendre ce qui se joue aujourd'hui au cœur de ce continent agité depuis le commencement de l'humanité.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé au Congo ?

J'ai souvent pensé qu'au Congo, on voit les deux extrêmes de l'humanité. Des gens très émouvants, très courageux, qui font face à une cruauté, voire à des atrocités incroyables. La forme que cette cruauté prend à l'est du pays est excessive, la violence extrême. Mais l'idée de ce livre m'est venue parce que je souhaitais le lire et qu'il n'existait pas. En 2003, avant mon premier voyage au Congo, j'avais cherché en vain un ouvrage de ce genre dans les librairies de Bruxelles. Un livre qui raconterait l'histoire du pays, de façon à la fois historique et littéraire. En tant qu'ar