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Libération
Reportage

La charia, plaie du Mali

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Châtiments corporels, viols, exactions… Les habitants du nord du pays sont de plus en plus victimes de groupuscules qui s’emploient à établir l’ordre islamique.
Un djihadiste monte la garde devant une chambre de l'hôpital de Gao où se remettent de jeunes Maliens amputés, le 21 septembre 2012. (Photo Issouf Sanogo. AFP)
publié le 7 octobre 2012 à 20h46

Il a la résignation du bétail qu'il gardait du temps où il conduisait encore sa moto chinoise sur la route de Tin Hamara, dans le district d'Assongo qui est frontalier du Niger. Alhader Ag al-Mahmoud a 30 ans. Il était éleveur. Un Touareg qui vivotait de la vente de ses bovins et de son complément de colporteur en bimbeloterie made in China. Accusé de vol de bétail par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), ce Touareg, père de trois enfants, a eu la main droite tranchée le 8 août à Gao. Enfermé dans «la maison» de son bourreau pendant quatorze jours, Alhader al-Mahmoud a été libéré par le chef de guerre du Mujao qu'il nomme «Kaka», et qu'il décrit comme «un Arabe». Puis Alhader a rejoint Bamako en autocar en passant par Niamey et Ouagadougou. Le 11 septembre, il a trouvé refuge chez Ahmedou Ag Issa, un cousin de Bamako lui-même originaire d'Assongo.

Alhader a dit qu'il était innocent et qu'il n'avait jamais volé les dix têtes de bétail, puisque les éleveurs auraient retrouvé leurs bêtes le lendemain de son interpellation. Il consent à dire à Libération qu'il a vécu en Libye, à Bani Walid, commune au sud-est de Tripoli restée fidèle à Kadhafi et ce jusqu'à la chute de la ville en octobre 2011. Et que faisait-il à Bani Walid où se battait Saïf al-Islam, l'un des fils du Guide ? «J'étais commis en quincaillerie.»

Les yeux détournés par une terreur muette, Alhader attendait jeudi matin, allongé sur une natte dans