La silhouette massive du vieil homme est en une de toute la presse allemande : visage figé mais regard acéré, couronne de cheveux blancs… A 82 ans, quatorze ans après sa cuisante défaite face à Gerhard Schröder, l'ancien chancelier Helmut Kohl est de retour. Son parti, l'Union chrétienne démocrate (CDU), lui rend ces jours-ci un hommage appuyé à l'occasion de l'anniversaire de l'arrivée au pouvoir du «père de l'unité allemande» et de l'euro, le 1er octobre 1982. A un an des législatives, Angela Merkel, qui avait pourtant largement contribué à la déchéance du Commandeur, se réclame de l'héritage politique de ce monument vivant à l'effigie duquel sera bientôt imprimé un timbre, au tarif ordinaire de 55 centimes. Un honneur que seuls le pape et Jean Monnet ont connu de leur vivant.
Le vieil homme, cloué dans un fauteuil roulant et incapable de s'exprimer depuis un accident cérébral en 2008, a été reçu la semaine dernière par le groupe parlementaire CDU-CSU au Bundestag, puis ovationné lors d'une cérémonie organisée en son honneur par la CDU dans le musée de l'Histoire allemande, dans l'est de Berlin. Au premier rang, il a écouté les discours en son honneur, assis entre les deux femmes qui décident désormais de son destin : à sa droite, vêtue de noir, Merkel, celle qui avait précipité sa chute en demandant au parti dans les colonnes du Frankfurter Allgemeine Zeitung de s'affranchir du leader à la suite du scandale des caisses noires de la CDU ; à sa gauche, en