Les tensions qui opposent la Chine et le Japon autour des îlots Senkaku (Diaoyu pour les Chinois) sur lesquels Tokyo et Pékin revendiquent tous deux la souveraineté, se répètent depuis les années 1990. Toutefois, l’épisode actuel semble plus lourd de dangers qu’aucun autre auparavant.
Au-delà des arguments que les deux camps avancent à l’appui de leurs prétentions, c’est l’avenir des équilibres géostratégiques en Asie et le leadership régional qui pourraient bien se jouer. La puissance qui contrôle les voies maritimes contrôle l’Asie. La Chine, ayant stabilisé ses frontières terrestres, a désormais la mer pour nouvel horizon stratégique. Elle l’a bien indiqué : depuis 2002, une loi affirme sa souveraineté sur l’ensemble des îles et îlots des mers de Chine et de Chine du Sud, et donne mission à ses forces armées de l’établir. Le géant s’arme en conséquence : sa flotte sous-marine est de qualité, il possédera bientôt deux porte-avions, et développe une gamme redoutable de missiles terre-mer, air-mer et mer-mer. L’état-major américain étudie les moyens de répondre à ce qu’il considère comme la volonté chinoise de lui dénier, à terme, la faculté d’intervenir dans les mers d’Asie.
Entre les deux, le Japon se trouve dans une situation des plus inconfortables : sa défense repose sur son traité de sécurité avec les Etats-Unis mais son économie est d’abord tributaire de la Chine, son premier partenaire commercial. L’archipel est englué dans une crise économique sans fin, en proie à l’i