On peut avoir été arrêtée par les talibans en Afghanistan, avoir défié l'oppression communiste à Varsovie dans les années 70 et même perdu sept dents à la suite d'une grève de la soif mais confier : «J'ai un trac fou quand il faut parler en public.» Même pour un entretien, elle lâche : «J'ai l'impression de ne pas m'être suffisamment préparée.» Flaire-t-on la coquetterie d'une ancienne commissaire européenne, élue députée pour la première fois il y trente-cinq ans ? Emma Bonino se reprend et dans un éclat de rire : «Si je me compare aux autres, parfois je me dis que je devrais être plus tranquille.» «Emma, c'est une bûcheuse, une première de la classe qui s'applique de manière maniaque, avec un sens du devoir typiquement piémontais», a prévenu l'un de ses collègues du petit Parti radical italien où à l'inverse la provocation a toujours été une marque de fabrique.
L'actuelle vice-présidente du Sénat reçoit en fin de journée sous les toits du Palazzo Madama. Les travaux parlementaires n'ont pas encore repris. Mais «la Bonino», comme on l'appelle à Rome, est déjà à la manœuvre. «C'est une hypercinétique, elle est toujours en mouvement», décrypte la journaliste Giovanna Casadio. Il est vrai que pour Emma Bonino, marquée depuis les années 70 par les luttes antitotalitaires, écologistes et laïques, pour les droits des femmes ou la légalisation de la drogue, le sentiment d'urgence n'est jamais loin. Que ce soit pour sauver les Kosovars de la solda