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Interview

Yadh ben Achour : «L’ivresse du pouvoir a saisi Ennahda»

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Ex-président de l’instance qui géra la transition post-Ben Ali en Tunisie, Yadh ben Achour s’en prend au parti islamiste.
Le professeur de droit Yadh Ben Achour, le 29 mars 2011 à Tunis. (Photo Fethi Belaid. AFP)
publié le 9 octobre 2012 à 21h17

Les tensions politiques sont de plus en plus vives en Tunisie alors que l'élaboration de la Constitution a pris plusieurs mois de retard. A l'approche du premier anniversaire de l'élection de l'Assemblée constituante, le 23 octobre, l'opposition met la pression sur la coalition gouvernementale dominée par les islamistes d'Ennahda. Ancien président de la Haute Instance pour les réformes politiques, le juriste Yadh ben Achour est monté au créneau à plusieurs reprises, ces derniers temps, pour dénoncer les «dérives» des dirigeants.

Quel regard portez-vous sur la deuxième phase de transition démocratique ?

Ce n’est pas brillant. Les conditions économiques, sociales, sécuritaires sont à peu près les mêmes qu’en 2011. Ce sont des difficultés structurelles qu’aucun gouvernement ne peut résoudre en quelques mois. La Tunisie post-révolutionnaire compte environ quinze grands dossiers : rédaction de la Constitution, chômage, équilibre régional, justice transitionnelle, instance électorale, loi électorale, violence politique et questions sécuritaires, hygiène urbaine, etc. Aucun n’a été traité avec rigueur, ni résolu. Le parti majoritaire est en train d’échouer lamentablement. Ils ont poussé le pays dans un cercle vicieux, surtout au niveau sécuritaire. Ennahda a cru pouvoir utiliser l’arme salafiste. Ils sont désormais dépassés par leur propre créature. Le meilleur exemple, c’est l’attaque de l’ambassade américaine et la mise à sac de l’école. Ils n’ont pas su calculer les risques et, en mauvais stratèges, ils se sont laissés déborder par la manifesta