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Libération
Reportage

Au Mali, le fleuve tranquille de la guerre

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A la charnière entre le nord et le sud du pays, Mopti ressemble à une ville fantôme : face aux milices, l’armée y est invisible.
publié le 10 octobre 2012 à 19h16

Le fleuve Niger est au plus haut en cette saison et étire sa mollesse caoutchouteuse vers Tombouctou. L'ogive ronde et blanche de la proue du Général Soumaré se découpe dans la lumière crue de midi. Depuis six mois, le plancher de métal du bateau qui assurait la liaison fluviale passagers entre Koulikoro, Ségou et Tombouctou ne vibre plus sous les torsions de son arbre d'hélice. Il y a encore six mois, les commerçants touaregs déballaient leur artisanat le long de la rive.

Hélicoptères. Aujourd'hui Mopti, où les berges du fleuve sont quasi désertes, est devenu la charnière militaire entre le Nord et le Sud. Une charnière qui ne tient que par un seul gond. Un seul parachutiste à béret vert, lunettes fumées couleur lagon, AK 47 en sautoir, en défend la ville côté ouest.

Le colonel Daouda Dembélé, un homme svelte, qui commande la base aérienne 102 de Sévaré, ville collée à Mopti, reçoit en civil. Il assure que les villes de Mopti et Sévaré seraient gardées par «4 000 hommes stationnés à Sévaré et [que] 1 000» seraient déployés à 120 km au nord, à Kona, sur la route de Douentza, au plus près d'un front tenu par les milices du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) : «Nous sommes en alerte rouge. Si nous devions intervenir pour survoler les positions tenues par les rébellions armées, nous pourrions intervenir immédiatement», affirme-t-il. Le colonel Dembélé refuse toutefois de mentionner le nombre d'hélicoptère