A Zhengzhou, dans la province du Henan (Chine). Photo Stringer. AFP
La première édition de son livre en 1976 aux éditions Maspero avait fait grand bruit et pas uniquement à cause de son titre provocateur : La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre. Ce géographe et spécialiste de géopolitique, un mot alors encore tabou, y fustigeait «la géographie des professeurs» pour montrer l'importance politique de tout discours sur l'espace. Une réflexion qu'il poursuivra en créant la revue Hérodote. Trente-six ans après, il republie cet ouvrage désormais classique avec une longue préface inédite et des commentaires. Il revient avec Libération sur son parcours.
La géographie, aujourd’hui, ça sert toujours à faire la guerre ?
Pas nécessairement plus qu’à cette époque, encore que les militaires, pour qui la géographie avait perdu tout intérêt dans une logique de dissuasion nucléaire et de guerre froide, commencent à s’y intéresser à nouveau. La géographie est quelque chose de beaucoup plus ample que celle que conçoivent les professeurs de l’université. La géographie a vingt-cinq siècles alors que celle des professeurs date en France d’un siècle et demi. La géographie met ensemble des éléments physiques, humains, économiques, des structures politiques dans une dimension spatiale. Mais elle ne peut pas pour autant écarter dans son raisonnement la dimension du temps. Ce lien entre la géographie et l’histoire était déjà évident dans les travaux d’Hérodote, auquel je me réfère toujours. Il part d’une analyse précise