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Libération

«On ne peut pas avancer, c’est sniper contre sniper»

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Dans le nord de la Syrie, «Libération» a rencontré les rebelles qui tentent depuis lundi de prendre le contrôle de la ville de Maarat Al-Noaman ainsi que l’autoroute qui relie Damas à Alep.
publié le 11 octobre 2012 à 21h16

Mourad Hakoura, un commerçant trapu de 32 ans, aurait dû mourir lundi. Il était l'un des 87 prisonniers de l'armée syrienne détenus dans un sous-sol du centre culturel de Maarat Al-Noaman, dans le nord-ouest de la Syrie. Mitraillés par un gardien alors que les rebelles prenaient d'assaut le bâtiment aux murs ocre, plus de 60 d'entre eux ont été tués. «Moi aussi, je me suis vu mourir, je ne sais pas pourquoi j'ai survécu», dit-il. De retour, hier, sur les lieux du massacre, il montre comment il s'est agenouillé, face contre terre, quand un moukhabarat, un membre des services de renseignements qui faisait office de tortionnaire les semaines précédentes, a fait irruption dans la grande pièce. «Il a crié et a immédiatement ouvert le feu avec sa kalachnikov.» Les corps s'écroulent, deux d'entre eux s'écrasent sur Mourad Hakoura. Il entend leurs gémissements et sent leur sang couler sur sa peau. Il ne bouge pas, attend que le moukhabarat finisse ses chargeurs. «Il en a vidé trois», explique-t-il. Quand il se relève, le tireur est parti. Mourad Hakoura s'occupe des blessés, faisant des garrots avec des sacs en plastique. «Trois ou quatre sont décédés quelques heures plus tard à l'hôpital.»

Paumes. Au total, il dit avoir compté 60 morts, tous mitraillés, dans les deux pièces transformées en cellules au sous-sol du centre culturel. Le bilan coïncide avec celui effectué par les activistes locaux. Hier, le sol était toujours couvert d