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Libé des géographes

Saint-Dié, la (petite) fabrique de l’Amérique

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La cité vosgienne, à l’histoire mouvementée, est depuis 23 ans le siège du Festival international de géographie.
par Jean-Louis Tissier, Professeur émérite à Paris-I
publié le 11 octobre 2012 à 19h07
(mis à jour le 12 octobre 2012 à 10h35)

«Dans la région moins dure que constitue le grès permien, aux alentours de Saint-Dié, les lignes se dégagent, les montagnes s'individualisent mieux : elles se campent les unes à côté des autres, dans leurs superbes draperies de forêts.» Dans l'école de Jules Ferry, né et inhumé à Saint-Dié, bienfaiteur de la géographie, la dictée de Vidal de la Blache donne son cadre au portrait…

A la Renaissance, le «pourtraict de ville» était un genre littéraire et iconographique qui présentait les richesses et attraits des «bonnes villes» les signalant aux voyageurs, aux notables et aux Grands. Aujourd'hui, le marketing territorial a repris et amplifié cette politique d'image qui doit permettre de distinguer une région, un pays et une ville, même moyenne, parmi ses voisines et concurrentes… Gisement de matière grise, excellence technique, tissu entrepreneurial, tous les scoops sont permis dans ce jeu pour faire signe… La ville de Saint-Dié-des-Vosges, dans ses atouts, avait une carte à la fois Renaissance et maîtresse : l'invention de l'Amérique…

Saint-Dié est continentale et cette position, paradoxalement, explique l'invention géographique… Les navigateurs de la fin du XVe siècle et leurs princes sponsors étaient cachottiers mais leurs secrets étaient convoités par les érudits et les marchands installés entre l'Italie et la mer du Nord… Partie prenante de ce milieu économique, intellectuel et technique (imprimerie !) rhénan, Saint-Dié tira sa carte du