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Libération
EDITORIAL

Tragédie

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Le monde arabe en ébullitiondossier
par Yves LACOSTE, Géographe, fondateur de la revue Hérodote
publié le 11 octobre 2012 à 21h16

En Syrie, la première manifestation réprimée de façon sanglante eut lieu fin mars 2011 à Deraa, tout au Sud, en pays druze. Il s'agissait de jeunes qui criaient «Assad dégage !» pour imiter ce qui venait de se passer à Tunis en janvier et au Caire en mars. Ben Ali était aussitôt parti et Moubarak démissionna (ce qu'Obama venait de leur enjoindre par téléphone), alors que les deux armées étaient ovationnées par la foule. C'était ce que les médias du monde entier ont appelé le «printemps arabe», la facile fin des dictateurs. Et les jeunes Syriens de Deraa ont pu penser qu'il en serait de même en Syrie. Mais la violence de la répression à Deraa a entraîné d'autres manifestations, à Damas et à Homs, qui ont été réprimées de façon de plus en plus sanglante, alors que Bachar al-Assad promettait de nouvelles réformes.

Mais il n’est pas parti, et la violence s’est peu à peu transformée en une guerre civile de plus en plus compliquée, bien que, pour le moment, elle ne soit pas générale. Les druzes se tiennent maintenant à l’écart du conflit, et à Damas il en est de même des chrétiens. Tout au Nord, les Kurdes profitent des embarras de l’armée pour conquérir leur autonomie et renforcer leurs liens avec les Kurdes de Turquie. Les alaouites soutiennent évidemment leur Président, malgré le jeu de grandes familles rivales des Al-Assad. En fait, les principales forces qui combattent le pouvoir syrien se fondent sur la majorité sunnite de la population, mais elles ne sont pas unies,