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Interview

Prix Nobel de la Paix: Il faut encore que «l'Union Européenne le mérite»

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Jakob Vogel est historien à Sciences Po, spécialiste de l’histoire de l’Europe. Selon lui, le comité récompense une institution pourtant trop fragile pour assurer la paix sur le continent.
Le 15 mai 2005. (Photo Katarina Stoltz. Reuters)
publié le 12 octobre 2012 à 19h31
L’UE mérite-t-elle ce prix selon vous ?

C’est à la fois mérité et déconcertant. Bien sûr, il faut souligner que la période de paix que connait le continent est en partie le résultat du travail de l’Union Européenne, mais il y a encore de nombreuses zones grises aujourd’hui, sans parler de son engagement dans les Balkans où la guerre faisait rage. Donc c'est une paix très relative. Au sein même de l’Europe persistent des conflits nationaux, parfois plus ou moins cachés: en Hongrie, en Roumanie, en Belgique, mais aussi entre l'Italie et la Slovénie. Ces conflits n'ont pas atteint le niveau d'une guerre mais il faut rester vigilant face à des situations de tensions énormes, contre lesquelles l’Europe n’a pas encore les vrais moyens de lutter. L’UE actuelle reste encore trop faible dans son intégration, car persistent des tendances trop nationalistes, dont on ne sait pas si l’UE a les instruments pour les maîtriser.

Qu’est-ce qui a été récompensé avec ce prix: l’histoire de la construction européenne dans son intégralité, la politique d’élargissement, le «soft power»?

Je me tiendrais à l'explication officielle, qui combine les trois. Mais en analysant les justifications de ce prix, on voit qu'est récompensée une certaine mythologie européenne, ce mythe d'une paix retrouvée et d'une amitié franco-allemande vue comme le cœur même de la construction européenne. Mais l'UE ne peut pas se limiter à l'amitié franco-allemande. Et dire que l'UE est la nouvelle structure qui apportera la paix relève de la mythologie. Certes, se