Une fois encore, le comité Nobel a créé la surprise en annonçant hier à Oslo le choix du lauréat du prix Nobel de la paix. Plusieurs fois nominée, l'Union européenne n'avait jamais été retenue. Il était temps, selon le président du comité Nobel, Thorbjørn Jagland, qui a salué hier à Oslo la contribution de l'UE et de ses pionniers, au cours de ces six dernières décennies, «à l'avancement de la paix et de la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe».
Mais, en Norvège, le choix du lauréat est loin de faire l’unanimité. Les eurosceptiques dénoncent une décision politique de la part d’un comité dirigé par le très europhile Jagland. Cet homme un peu terne, qui a présidé pendant dix ans le Parti travailliste norvégien et exercé brièvement les fonctions de Premier ministre, occupe depuis quatre ans le poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe.
Menaces. Un conflit d'intérêt ? Nils Butenschøn, directeur du Centre des droits de l'homme à l'université d'Oslo, avoue qu'il s'interroge sur cette double casquette : «Je ne vois pas, par exemple, comment il pourrait récompenser un opposant au régime russe sans mettre en jeu son rôle de secrétaire général du Conseil de l'Europe.» Le professeur de droit Eivind Smith, qui partage son avis, demande carrément sa démission.
Jagland n'en est pas à son premier coup d'éclat. A peine nommé à la tête du comité, il avait créé l'émoi, en 2009, en annonçant l'attribution du prix à un Barack