La construction européenne commença au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sur l'idée du «plus jamais ça» et des leçons tirées de l'échec de la paix de 1918. «L'Europe n'a pas été faite et nous avons eu la guerre», martelait Robert Schuman dans sa déclaration du 9 mai 1950 fondatrice de ce qui allait devenir l'Union européenne. Il rappelait notamment que «le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire entre la France et l'Allemagne soit éliminée».
Plus d’un demi-siècle après la signature du traité de Rome en 1957, coup d’envoi de la construction communautaire, l’objectif est pleinement réalisé. Il n’y a plus eu le moindre conflit armé entre pays membres. L’attraction du projet européen fondé sur la prospérité économique, la stabilité et la démocratie était suffisamment forte pour permettre une transition sans violences à la démocratie des anciens pays socialistes, à la notable exception de l’ex-Yougoslavie.
L'idée européenne est pourtant aujourd'hui en crise de par son succès. La paix va de soit, tout au moins à l'intérieur de l'Union. Mais la prospérité économique n'est plus là et c'est une Europe en crise que récompensent les responsables du Nobel. «De l'extérieur, on juge souvent mieux l'importance de ce qui a été réalisé par l'Europe en un peu plus d'un demi-siècle, mais on voit aussi plus clairement les signaux alarmants comme la montée de forces centrifuges au sein de l'Union», remarque Sylvie Goulard, députée eur