La langue de Mo Yan s'est miraculeusement déliée, au lendemain de l'attribution de son prix Nobel de littérature. L'écrivain a créé la surprise vendredi en demandant la libération du dissident Liu Xiaobo, lauréat 2010 du Nobel de la paix, qui purge depuis 2009 une peine de onze ans de prison pour «tentative de subversion du pouvoir de l'Etat». «J'ai lu les critiques littéraires de Liu Xiaobo dans les années 80… J'espère qu'il pourra retrouver la liberté le plus vite possible, et qu'il pourra s'adonner complètement à ses recherches sur le système politique et social», a déclaré le romancier de 57 ans, sans toutefois trop se départir de sa prudence légendaire.
Docilité
Membre du Parti communiste, Mo Yan avait toujours refusé de s'exprimer sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres. Sa docilité supposée à l'égard du pouvoir a été, par le passé, fréquemment tournée en ridicule sur les microblogs chinois. Plusieurs personnalités dissidentes se sont violemment élevées, jeudi, contre la décision du Comité Nobel. L'opposant chinois exilé Wei Jingsheng, considéré comme le «père» du mouvement prodémocratique chinois, a, de Washington, blâmé le romancier pour n'avoir jamais soutenu les auteurs dissidents, et l'a aussi fustigé parce qu'il avait, lors d'une cérémonie officielle en mai, calligraphié une partie d'un discours de Mao Zedong de 1942, qui a servi de base idéologique lors des persécutions dont ont été victimes des kyrielles d'écrivains et artistes chinois dans les décennies sui