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Libération
Critique

Istanbul, Berlin, Moscou, en vers et contre tout

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Le cahier Livres de Libédossier
Le Turc Nedim Gürsel en quête du poète Nazim Hikmet
publié le 17 octobre 2012 à 19h07

Eternel révolté, Nazim Hikmet fut peut-être le plus grand poète turc du XXe siècle et en tout cas le plus connu à l'étranger. «J'ai envie de saisir le temps / dans sa fuite rapide il laisse sur mes doigts une poussière d'or», écrivait ce romantique rongé par la nostalgie de sa terre natale, qui mourut exilé à Moscou en 1963. Envers et contre tout, il resta un fidèle militant : «C'est assez pour moi d'être dans les rangs de ce siècle / d'être de notre côté / et de me battre pour un monde nouveau.» Nazim Hikmet est le héros en creux du dernier roman de Nedim Gürsel, un des plus denses que cet auteur turc vivant en France ait écrit. Un livre à trois voix éclaté entre Istanbul, Moscou et surtout Berlin. Un livre hanté par les rêves fracassés de révolutions impossibles ou trahies, et par les tragédies du XXe siècle dont la capitale allemande fut l'épicentre.

Militants. Tout commence dans Berlin sous la neige, où un biographe du poète arrive d'Istanbul pour un improbable rendez-vous avec un inconnu qui, par téléphone, lui a promis des documents inédits. Ce «contact» est un communiste turc qui vivait en RDA où la direction et la radio du Parti, illégal en Turquie, avaient pignon sur rue. Cet Ali, surnommé «l'Ange» par ses employeurs de la Stasi, fut tout jeune gagné à la cause en lisant les vers de Hikmet. Il n'en faisait pas moins régulièrement ses rapports «en délateur zélé qui n'omettait aucun détail».

Nedim Gürsel