C'est d'un œil circonspect que les Colombiens observeront à la télévision, aujourd'hui, le lancement officiel des négociations de paix. Les délégations du pouvoir et de la guérilla d'extrême gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) entameront à Oslo des discussions qui pourraient, selon le président libéral Juan Manuel Santos, aboutir «dans quelques mois» à la fin d'un conflit vieux d'un demi-siècle.
Officiellement, tout le monde ou presque veut la paix. Les partis de gauche comme de droite, les syndicats et le patronat, les évêques, le footballeur Radamel Falcao, le chanteur Juanes… Tous soutiennent les pourparlers. Seul le populaire ex-président à poigne Alvaro Uribe (2002-2010), soutenu par une élite conservatrice, dénonce une «négociation avec le terrorisme». Sans effet : selon un sondage, 77% des Colombiens sont favorables au processus de paix.
Le président Santos, en amont, a pris soin de donner des gages à une opinion douchée par l'échec des derniers pourparlers, entre 1999 et 2002. Les Farc avaient alors profité d'un territoire vaste comme la Suisse, cédé par le pouvoir, pour se renforcer. Cette fois-ci, les discussions se tiendront à l'étranger, en Norvège puis à Cuba, et l'offensive militaire continuera «sur tout le territoire national», comme s'efforce de le répéter le ministre de la Défense. Mais le pouvoir devra faire des exercices d'équilibriste s'il veut continuer de flatter une majorité dressée contre la guérilla -