Son portrait en noir en blanc, placardé sur des bus de la marche contre les drones organisée il y a deux semaines, a hanté la caravane d'Islamabad jusqu'aux portes du Waziristan. Tarik Aziz, regard timide et démarche gauche, avait 16 ans, en octobre 2011, quand Libération avait recueilli son témoignage sur son quotidien terrorisé par les drones américains dans le nord-ouest du Pakistan. Considéré comme l'endroit le plus dangereux au monde, sanctuaire d'Al-Qaeda et des talibans pakistanais (Tehrik-e Taliban Pakistan, le TTP), le Waziristan est la cible privilégiée des attaques de ces «machines à tuer» volantes de la CIA. Quatre jours après son retour chez lui, l'adolescent a péri dans un tir de drone qui a pulvérisé son véhicule.
Tarik, un dangereux terroriste d'Al-Qaeda ? Difficile à croire. Son assassinat par l'un de ces avions sans pilote armés de missiles est une bavure, selon les ONG pakistanaises, américaines et britanniques ayant participé les 6 et 7 octobre à la marche dénonçant les victimes civiles des tirs. «No comment» du côté de Washington, qui ne reconnaît pas officiellement avoir recours aux drones au Pakistan, opération secrète de la CIA oblige.
Il reste très difficile de vérifier les circonstances de la mort de ces victimes, les étrangers étant interdits de territoire dans cette région très hostile. A grand renfort de publicité, l'ex-star du cricket Imran Khan, politicien pakistanais en vogue, avait promis de mener une «marche de l