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Libération
Récit

Dans sa guerre anticartel, le Mexique torture à tour de bras

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Un rapport d’Amnesty International dénonce les sévices «généralisés et systématiques» commis par les forces de sécurité, en toute impunité.
publié le 18 octobre 2012 à 20h36

C'est l'arme pas si secrète des autorités dans la guerre contre les cartels de la drogue : la torture, «généralisée et systématique», d'après Alberto Herrera, le directeur de la section mexicaine d'Amnesty International. Loin de n'être qu'une pratique exécutée clandestinement dans des caves obscures par quelque policier ou militaire dénué de scrupule, la torture fait partie intégrante dans le système.

Le nouveau rapport, «Coupables connus, victimes innocentes», présenté la semaine dernière par l'organisation de défense des droits de l'homme ne laisse pas planer l'ombre d'un doute sur l'intégration de cette pratique dans la stratégie contre le crime organisé du président Felipe Calderón, en poste jusqu'au 1er décembre. Les forces de sécurité s'y adonnent, les autorités judiciaires la cautionnent et personne ne sanctionne.

Le document contient des dizaines d'histoires de Mexicains torturés par la police ou par les militaires. Chaque nom, chaque cas évoque une nouvelle facette de la cruauté. Ainsi Israel Arzate : les militaires l'ont obligé à s'attribuer un crime qu'il n'avait pas commis et ont filmé ses confessions sous la torture. Ainsi Miriam Isaura : agressée sexuellement et asphyxiée afin d'impliquer des personnes de son entourage dans le narcotrafic. Ainsi, encore, Jethro Sánchez : son corps a disparu après la séance de torture que lui ont infligée les militaires. La stratégie qui consiste à charger l'armée des détentions et interrogatoires en dehors de