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grand angle

Deux Français dans les cachots de Biya

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Michel Thierry Atangana et Lydienne Yen-Eyoum croupissent depuis des années dans les geôles camerounaises, victimes de la justice arbitraire du régime. Sans que Paris ne s’émeuve.
publié le 21 octobre 2012 à 19h06

Le 6 novembre, le président camerounais, Paul Biya, fêtera ses trente ans de règne. Derrière les barreaux, Michel Thierry Atangana, 48 ans, et Lydienne Yen-Eyoum, 53 ans, maudiront le vieux dictateur. Il était un expert financier reconnu ; elle, une avocate réputée. Tous deux sont français, incarcérés depuis des années dans les geôles de Yaoundé. Suspendus au bon vouloir d’une justice fantoche, ils croupissent en attendant une action de la France.

«C'est une catastrophe.» La voix souffle le désespoir. Après quinze ans et demi de prison et une heure d'audience, Michel Thierry Atangana vient d'entendre le prononcé de sa peine. Vingt ans de plus. Pour les mêmes faits. «Mon avocat avait identifié dix-sept motifs de cassation, le tribunal n'en a pas examiné un seul. C'est une machine à broyer. Ils veulent me tuer. Il me faut du secours, il me faut de l'oxygène.»

Son procès a été reporté quatre fois avant ce verdict du 4 octobre. Sans plus d'espoir, il a retrouvé sa cellule, au sous-sol du secrétariat d'Etat de la Défense (SED). Une pièce de huit mètres carrés qu'il a fini par connaître par cœur. «Cette nuit, ça a été le noir total. Je n'ai pas trouvé le sommeil.» Il s'est raccroché au téléphone qu'un de ses rares visiteurs lui a fait passer. A 3 h 30 du matin, les SMS en forme de SOS se sont succédé : «Je n'ai aucune force pour vaincre cette morbide volonté de m'anéantir totalement.» Ou : «La mort est le meilleur exutoire.»

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