Ils sont des dizaines de jeunes indépendantistes - boucles d'oreilles de rigueur pour les garçons, cheveux colorés pour les filles - à s'activer sous le vaste chapiteau de la rue Kurutziaga, à Durango. Ecologistes, syndicalistes, féministes, collectif de soutien aux prisonniers basques : ils se répartissent en différents stands pavoisés d'ikurriñas (le drapeau basque), d'aigles noirs, de slogans solennels, de cartes de l'Espagne où des ciseaux symbolisent la volonté de sécession.
A la veille de ce week-end d'élections pour renouveler le Parlement de cette région autonome, deux jeunes filles agenouillées peignent sur le sol avec un soin infini, en lettres bleues et noires : «Presoak eta iheslariak herrira» (les prisonniers et ceux de dehors, de retour avec leur peuple). Traduisez : les plus de 700 détenus des prisons françaises et espagnoles, tout comme les membres d'ETA en cavale, doivent revenir chez eux.
Gardes du corps. Ce déploiement, en plein centre-ville, montre que la gauche «abertzale» (patriotique) n'a rien perdu de sa force mobilisatrice, ni de sa capacité logistique. Depuis les années 80, les pro-ETA n'ont cessé d'exhiber dans l'espace public la rage séparatiste - assortie de haine envers l'Espagne - qui les habite. Mais, un an après l'annonce du «cessez-le-feu définitif» de l'organisation terroriste, leur attitude a changé radicalement dans les rues de l'Euskadi, le Pays basque espagnol : plus d'invectives ni d'insultes,