Chercheur et politologue libanais, Ziad Majed est professeur à l’Université américaine de Paris. Il a notamment publié en 2006 un livre sur le «printemps de Beyrouth» (non traduit).
L’opposition demande la démission du gouvernement mais les capitales occidentales sont beaucoup plus prudentes. Pourquoi ?
En demandant la démission de Najib Mikati [le Premier ministre, soutenu par le Hezbollah, ndlr], l'opposition libanaise anti-régime syrien veut reprendre l'initiative. Elle est aussi poussée par la colère d'une bonne partie des Libanais qui exigent un changement des règles du jeu. Ceux-ci estiment qu'il n'est pas possible de continuer avec un gouvernement dont le Hezbollah, allié de Damas, constitue la force principale et qu'un assassinat de cette portée ne doit pas rester sans conséquences politiques. Mais à Washington comme à Paris ou même à Beyrouth, parmi des acteurs de premier plan tel Walid Joumblatt [leader druze, anti-Al-Assad], on craint que la démission de l'actuel gouvernement n'entraîne un dangereux vide politique. Sans Joumblatt, l'opposition ne dispose plus de la majorité parlementaire. Les règles constitutionnelles imposent en outre deux tiers de présents au Parlement pour voter la confiance à un nouveau gouvernement. Cela donne un pouvoir de blocage au Hezbollah qui, entre 2006 et 2008, avait pu paralyser les institutions. En outre, l'absence de gouvernement permettra au régime syrien de créer encore plus facilement des trouble