Pendant des années, il a été le mineur délinquant le plus connu d'Allemagne. A 13 ans, celui que la presse et les autorités allemandes appellent «Mehmet» pour protéger son identité, avait déjà 60 crimes et délits à son actif : vols de voitures, vols à main armée, coups et blessures… Pendant des années, l'Allemagne s'est passionnée pour le destin de «l'enfant terroriste». Jusqu'à sa fuite en Turquie, en 2005, pour échapper à la prison.
Aujourd'hui âgé de 28 ans, Mehmet veut retrouver sa terre natale, la Bavière. «Je suis un enfant de là-bas, explique-t-il avec un fort accent bavarois. C'est là que je suis né, là que j'ai grandi. Tout ce qui m'a forgé est en Bavière.» Mais les autorités régionales, particulièrement conservatrices, ne l'entendent pas ainsi. Droit du sang oblige, il ne sera pas facile au jeune homme de reposer un jour les pieds en Bavière. Mehmet (il s'appelle en fait Muhlis Ari) est né à Neuperlach, une cité déshéritée de la banlieue de Munich. Son père, ouvrier à la chaîne chez BMW, a la main leste. Sa mère est femme de chambre dans un hôtel. Il présente la trajectoire typique du jeune délinquant : il sèche l'école et multiplie les larcins. A 13 ans, il est devenu un cas d'école pour la police locale.
La classe politique allemande se déchire à son sujet. Pour la droite, il est devenu le symbole d'un «romantisme multiculturel qui a échoué».Expulsé d'Allemagne dès sa majorité juridique, le jeune homme est expédié manu militari,