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Libération
Reportage

A Miami, l’American Dream version latino

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Immigration. Ils sont jeunes, souvent hispaniques, ont grandi aux Etats-Unis mais sont sans-papiers. Ils se surnomment les «Dreamers», du nom d’un projet de loi qui les protégerait de l’expulsion.
Les Péruviennes Cynthia Vizcardo (24 ans) et Frida Ulloa (23 ans). (Photos E.Steels)
publié le 28 octobre 2012 à 20h56

Jorge et Francis Tume ont beau fouiller dans leur mémoire, ils ne retrouvent pas un seul souvenir du Pérou. Leur pays d'origine. «Chez nous, c'est ici», s'excusent-ils presque. Ici, Miami, où ils sont arrivés tout petits avec leurs parents et sont, depuis lors, en situation illégale. «Si on retournait au Pérou, on serait comme des migrants», disent les deux frères qui, à 21 et 19 ans, se considèrent comme de jeunes Américains.

Un samedi d’octobre tropical. Encore une journée que les frères Tume passent avec leurs amis dans la grande salle sans fenêtre de l’Immigration Clinic. La «clinique migratoire» ne désemplit pas depuis deux mois : lors de ces réunions, organisées par la faculté de droit de la Florida International University, des dizaines de jeunes, pour la plupart hispaniques, partagent leur histoire et reçoivent l’aide d’avocats pour remplir les demandes de permis de travail.

Une porte s'est ouverte pour eux : le 15 juin, ils ont pleuré de joie lorsque le président Obama a adopté un décret baptisé Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals, «action différée pour les enfants immigrants»), qui suspend les expulsions de tous les sans-papiers de moins de 31 ans arrivés aux Etats-Unis avant leurs 16 ans, scolarisés ou détenteurs d'un diplôme de high school (lycée). Soit près de 1,7 million de jeunes qui ont droit à un permis de travail de deux ans. 1,7 million de vies qui peuvent changer. «Longtemps, j'ai eu peur de dire que j'étais