C'est une bâtisse monumentale de briques rouges, posée à côté de la voie ferrée. L'ancienne usine de tabac a été rénovée pierre par pierre et a retrouvé une seconde vie. Sur le panneau, on peut lire : The Imperial Centre for the Arts and Sciences. Au loin, on aperçoit le nouveau théâtre hypermoderne et les ateliers de poterie ou de photographie. Le centre-ville de Rocky Mount (Caroline du Nord) est à quelques centaines de mètres, en pleine reconstruction. De chaque côté des rails, les trottoirs et la chaussée sont flambant neufs, mais les magasins restent vides ou fermés par des planches de bois. Une pancarte annonce la création prochaine de bancs et d'un parking. «Rocky Mount est dans une phase magistrale d'expansion, explique Catherine Lloyd, la jeune conservatrice de l'Imperial Centre. Le centre-ville a longtemps été déserté. Mais les autorités locales ont d'abord décidé de refaire la gare, puis le centre culturel. Nous, nous avons une double mission : faire comprendre aux gens d'ici que l'art est important, et montrer à l'extérieur que notre ville est en pleine résurrection.»
Plantée dans le nord-est de la Caroline du Nord, Rocky Mount ne ressemble pas à toutes les autres villes de l'Etat. Depuis longtemps, la cité de près de 60 000 habitants a fait de l'art et de la culture l'un des éléments centraux de son renouveau. Peut-être parce qu'elle s'enorgueillit d'être le lieu de naissance du génie du jazz Thelonious Monk, comme le rappellent une enseigne et