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Libération
Reportage

Washington pousse le bouchon un peu loin

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Etat fédéral, La Beltway, périphérique de la capitale, est devenue le symbole de la frontière entre élites et «vraie Amérique». Quant aux embouteillages, ils sont vus comme une métaphore des blocages au Congrès et à la Maison Blanche.
Dans le centre de Washington, des sluggers attendent un conducteur qui les ramènera dans la ville où ils résident. (Photo Allison shelley. )
publié le 28 octobre 2012 à 20h26

Six heures du matin sur l'immense parking de Woodbridge, une banlieue au sud de Washington. Dans la nuit qui tarde à s'achever, des silhouettes en tailleurs et complets se livrent à un étrange manège, appelé slugging. D'ici une heure, ces spectres encore mal réveillés œuvreront dans les ministères, au Congrès ou à leurs bureaux de lobbyistes, aux commandes de l'Amérique et du reste du monde. Mais, pour le moment, ils en sont réduits à s'aligner le long du trottoir, guettant les voitures qui les emmèneront dans le centre de Washington.

Le slugging consiste à se regrouper à trois par voiture, puis de rejoindre une voie express - les derniers kilomètres de la I-95 avant Washington - et, bientôt, un tronçon de la Beltway, l'anneau d'autoroutes qui encercle la capitale. «Ici, c'est pour aller à la 14e rue. Là-bas, c'est pour le Pentagone», renseigne une voix dans la pénombre. «On fait ça pour gagner du temps, et aussi réduire nos frais de transport, explique une autre. Sans ce système, le risque est trop grand de rester bloqué dans les embouteillages.»

En arrivant à Washington, la I-95 se dédouble pour former la Beltway, une «ceinture» de 103 kilomètres inaugurée en 1964 pour désengorger la ville… et devenue symbole du gridlock, le «blocage», qui est autant routier que politique. Depuis les années 80, la Beltway sert aussi de frontière métaphorique, opposant «l'Amérique, la vraie» («outside the Beltway») au p