Menu
Libération
Critique

Opération turquoise au Rwanda : les ambiguïtés du pouvoir français

Article réservé aux abonnés
publié le 29 octobre 2012 à 22h16

Il existe un étrange silence autour du livre Silence Turquoise, sorti il y a un mois et qui pointe justement les silences coupables d'une page sombre de notre histoire récente, le génocide rwandais. De hauts responsables politiques et militaires y sont accusés d'avoir menti ? Ces mêmes responsables, tous cités, sont également soupçonnés d'avoir indirectement laissé mourir un millier de personnes ? Pourtant, aucun d'eux ne réagit, aucun d'eux ne se justifie ou ne dément les informations relayées, voire révélées, par Laure de Vulpian. Cette journaliste à France Culture enquête depuis plusieurs années sur l'opération Turquoise menée par la France au Rwanda en 1994, dans les derniers jours du génocide.

En réalité, quand la France se révèle soudain pressée d'agir, la minorité tutsie du Rwanda est déjà en grande partie décimée… par les héritiers d'un régime allié de la France. Le premier mérite du livre est de rappeler les raisons cachées de cette mission qui, au départ en tout cas, n'était pas «que» humanitaire. Le livre se concentre sur les dix premiers jours. «On nous a trompés», confessera ainsi Thierry Prungnaud. Ce sous-officier de gendarmerie envoyé au Rwanda dès la fin juin a cosigné le livre avec Laure de Vulpian. Il se souvient bien d'avoir entendu son supérieur, le colonel Jacques Rosier, expliquer aux troupes que ce sont les Tutsis qui «zigouillent» les Hutus. Or c'est le contraire qui se produit. Pourquoi cette confusion entre bourre