Saura-t-on jamais la vérité sur la disparition en Côte-d’Ivoire, en 2004, du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer ? Ses proches, qui avaient mis tous leurs espoirs dans un changement de régime à Abidjan, commencent sérieusement à en douter. La semaine dernière, à Paris, le juge chargé de l’enquête, Patrick Ramaël, a dressé devant eux un bilan mitigé de retour d’une énième mission à Abidjan, où il a entendu plusieurs suspects.
Le 16 avril 2004, Guy-André Kieffer («GAK»), spécialiste reconnu de la filière café-cacao, avait rendez-vous sur le parking d'un centre commercial d'Abidjan avec l'une de ses «sources» habituelles, Michel Legré, par ailleurs beau-frère de Simone Gbagbo, l'épouse de l'ancien président ivoirien (lire pages 30-31). A l'heure dite, le journaliste, qui multipliait les enquêtes sur les malversations présumées du régime, est enlevé par un commando armé. Personne ne l'a jamais revu.
Très vite, l’enquête du juge Ramaël se resserre autour de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances de Gbagbo, Paul-Antoine Bohoun-Bouabré (décédé depuis), régulièrement épinglé par Kieffer. Avant de patiner irrémédiablement : le corps de GAK n’a jamais été retrouvé et l’identité des exécutants, pas plus que des commanditaires, n’a pu être formellement établie.
Lors de son récent séjour en Côte-d'Ivoire, le magistrat français a pu réentendre l'appât, Michel Legré, qu'il a placé en garde à vue durant plusieurs jours pour tenter de le faire craquer. Sans résultat.