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Portrait

Ianoukovitch, l’Ukraine sans partage

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Renforcé par les législatives, le chef de l’Etat n’a de cesse d’asseoir son pouvoir et de prendre sa revanche sur les figures de la Révolution orange.
publié le 30 octobre 2012 à 20h26

Les mots ont parfois du mal à sortir. Le sourire est souvent un peu gêné. Malgré sa carrure impressionnante, Viktor Ianoukovitch peine à enflammer les foules. Les bras pendent le long du corps, la tête pivote avec lenteur, le Président débite d'une voix monocorde les éléments de langage préparés par ses conseillers. Il est plus que jamais l'homme fort de Kiev et les résultats des élections législatives de dimanche, marquées par de nombreuses irrégularités dénoncées par l'opposition comme par les observateurs internationaux - qui parlent de «recul de la démocratie» -, ont encore conforté son pouvoir.

Valises. Pourtant, Ianoukovitch semble parfois se demander comment lui, l'enfant du bassin houiller du Donbass, a pu se hisser jusqu'au sommet de l'Etat. Né sous les fumées des mines et des usines sidérurgiques de la petite ville de Ienakievo, dans l'est du pays, Ianoukovitch fait ses premières armes dans la rue, il est deux fois condamné pour vol avec violence dans les années 70. Mais, c'est à cette époque qu'il rencontre ceux qui permettront son ascension fulgurante, notamment Rinat Akhmetov, devenu depuis l'oligarque le plus puissant d'Ukraine.

Car l’histoire de Viktor Ianoukovitch, c’est avant tout celle d’un clan, forgé dans la période sombre de la transition économique, durant les terribles années 90 où les privatisations des entreprises d’Etat se négociaient à coups de valises de billets et de rafales de kalachnikov. Quand le président Leonid Koutch