Le religieux et le politique sont souvent entremêlés en politique américaine, mais toutes les religions n’ont pas le même poids, particulièrement s’il s’agit de religions minoritaires, considérées comme suspectes par une majorité de protestants ou d’électeurs modérés.
En 1960, Kennedy avait dû faire face au soupçon d’autoritarisme : la religion catholique était considérée comme incompatible avec la démocratie, parce que soumise aux diktats d’un pape infaillible. Dans son fameux discours de Houston (septembre 1960), Kennedy prenait ses distances avec la foi de ses pères en affirmant qu’en aucun cas ses convictions religieuses n’influenceraient ses choix politiques, y compris sur des sujets «brûlants» comme le divorce, la contraception, la censure.
Mitt Romney, lors des primaires de 2008 et de 2012, devait, s'il espérait devenir le candidat du Parti républicain, séduire à tout prix le vote évangélique conservateur, sans lequel il ne pouvait l'emporter dans le sud de la Bible Belt (ceinture de la Bible). L'obstacle était de taille. Pour un évangélique, le mormonisme est une secte, une fausse religion et, pis encore, une apostasie car le Livre de Mormon constitue un inacceptable correctif à la Bible protestante. Pour des électeurs moins religieux, le mormonisme reste une religion bizarre avec des pratiques étonnantes comme les baptêmes rétroactifs, la croyance en la parousie du Christ - destiné à apparaître, selon les propos mêmes de Romney, à Jérusalem et dans le Missour