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Libération

Lolly et ses babies jusqu’à Boomer

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Deux grands journalistes, l’un bédéiste, l’autre reporter de guerre, Joe Sacco et Chris Hedges s’immiscent à Camden (New Jersey), autrefois florissant, dévasté par la crise. Extraits.
publié le 2 novembre 2012 à 22h16

Banlieue située de l’autre côté de la rivière Delaware à Philadelphie (New Jersey), la ville de Camden - bastion démocrate depuis toujours - recèle de biens tristes records : deux résidents sur cinq vivent en dessous du seuil de pauvreté ; le taux de chômage atteint 20% ; la corruption politique a conduit en prison trois maires, dont Milton Milan, en 2000, pour ses liens avec le crime organisé. Ceci expliquant un peu cela, Camden détient le plus haut taux de criminalité aux Etats-Unis avec plus de 2 300 crimes violents pour 100 000 habitants quand la moyenne nationale est de 450.

Camden a été jadis une ville industrielle florissante. Jusqu'en 1967, y siégeait la New York Shipbuilding Corporation, tandis que pendant la Première Guerre mondiale, Camden pouvait se vanter d'être le plus vaste chantier naval du monde. C'est là aussi qu'était installé le plus grand fabricant de phonographes et de disques, la très célèbre RCA et sa non moins fameuse «voix de son maître». De l'histoire ancienne, car aujourd'hui Camden est un monstre, une ville sinistrée, au bord de la banqueroute.

Joe Sacco et Chris Hedges, deux journalistes réputés pour la qualité de leurs BD et reportages, l'ont choisie pour raconter l'histoire d'une déchéance urbaine et sociale. Jours de destruction, jours de révolte, paru aux Etats-Unis en juin, est un témoignage sur une des réalités de la société américaine. Celle que l'on dissimule parce qu'elle est laide, et surtout parce qu'elle dit beaucoup