Malgré la hausse spectaculaire du chômage, la pauvreté n'a pas été un thème de campagne pour la présidentielle américaine. La vision sur le Net d'une carte vidéo montrant la progression du chômage entre 2007 et 2010 (1) vaut tous les discours pour prendre conscience de la rapidité de propagation du phénomène à travers le pays, à l'image d'une épidémie. Spécialiste des Etats-Unis à l'époque contemporaine, maître de conférences à l'université Lyon-II et membre du centre d'études nord-américaines de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Romain Huret (2) étudie la pauvreté en Amérique, ses représentations et les politiques sociales, thèmes développés dans un premier ouvrage la Fin de la pauvreté ? Les experts sociaux en guerre contre la pauvreté aux Etats-Unis (1945-1974) (2008, EHESS), puis lors d'une étude sur l'ouragan Katrina (2010).
Quelle est la géographie de la progression du chômage ?
Le phénomène touche avant tout les grandes villes de la côte Est, de la Floride et de la côte Ouest, mais aussi les anciennes régions industrielles comme la région des lacs au nord-est, le Michigan, le Kentucky ou l’Ohio. Ce sont d’abord les populations les plus précaires qui sont atteintes. Donc les minorités afro-américaine et hispanique, les travailleurs pauvres, ceux qui n’ont ni formation ni diplôme. Et enfin les femmes, parmi lesquelles les mères célibataires, qui habitent majoritairement dans les grands centres urbains, sont particulièrement éprouvées. Le centre du pays, blanc et rural, semble épargné, mais les d