On a les consolations que l'on peut. L'article du Monde sur les dégâts de l'ouragan Sandy en Haïti, en milieu de la semaine dernière, était cinq fois plus partagé que le reportage consacré aux dégâts de Sandy à New York.
Car Sandy, le Sandy de New York, a fait un détour par les Caraïbes, avant d’arriver à Times Square. Un léger détour, une formalité : quelques dizaines de morts à peine. Vous ne le saviez pas ? Vous avez des excuses. Personne ne vous l’a dit. Alors que l’ouragan ravageait Haïti, les envoyés spéciaux le guettaient bruyamment à New York, où il était attendu le lendemain. La presse mondiale cocoonait les New-Yorkais accumulant leurs stocks de nourriture, ou se calfeutrant. «Est-ce que la situation vous rappelle le 11 septembre 2001 ?» demandait le présentateur de BFM à un expatrié français, légèrement gêné par la question.
Pendant ce temps, donc, Sandy ravageait Haïti. Soixante morts, 200 000 relogés, des menaces de famine et de choléra. Résultat, dans les 20 heures et sur les chaînes d'info continue ? Quelques brèves. Des aumônes d'un bout de phrase. Le présentateur : n'oublions pas que Sandy est aussi passé aux Caraïbes. Après quoi, place aux choses sérieuses. Jean-Etienne, vous êtes au Sud de la 26e rue. Paul-Yves, au Nord de la 53e. Comment ça va à votre niveau de Manhattan ? Et vous, Antoinette, au bord de votre tunnel inondé ? Et le métro ? Quand va-t-il rouvrir, le métro ? Et combien de lignes exactement ? Et il paraît que le