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Portrait

Xi Jinping, retour en grâce d’un «ennemi du peuple»

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Fils d’un proche de Mao déchu par le régime, le futur chef de l’Etat a bataillé ferme pour intégrer le PCC et obtenir le droit de quitter le village où il était exilé.
publié le 4 novembre 2012 à 20h56

Xi Jinping, qui doit prendre à 59 ans les fonctions de secrétaire général du Parti communiste chinois, a eu une triste adolescence. Son père, Xi Zhongxun, compagnon de route de Mao, fut commissaire politique avant la victoire communiste de 1949, puis directeur du Bureau de la propagande. En 1969, le Grand Timonier se retourne contre lui et l'embastille. Son fils, alors âgé de 16 ans et habitué au luxe des quartiers réservés à la fine fleur dirigeante, plonge en enfer. Il est viré de son école d'élite par les gardes rouges, qui voient en lui le fils d'un «ennemi du peuple». «Ils ont menacé de m'exécuter, puis m'ont obligé à lire les citations de Mao du matin au soir», a raconté Xi Jinping dans un très rare entretien accordé en 2000 à un magazine chinois, alors qu'il était gouverneur de la province du Fujian (sud). Xi doit dénoncer son père dans des «sessions de critique-lutte», et est enfermé dans un cagibi insalubre. L'adolescent sera envoyé à Lianjiahe, un trou de la campagne du Shaanxi (centre), où il restera sept années. On y vit au rythme des maigres moissons. «En janvier, il y avait encore assez à manger, en février, on crevait de faim, en mars-avril, on était moitié vivant, moitié mort. Les gens se nourrissaient d'écorces d'arbre et d'herbes sauvages, et les femmes et les enfants allaient mendier», a-t-il raconté. A la faim s'ajoute l'humiliation : «Il y avait des assemblées de village dans lesquelles on lisait la presse officielle, qui c