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Libération
Récit

Ankara face au péril jeûne des détenus kurdes

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La grève de la faim de 654 prisonniers depuis cinquante-six jours commence à toucher l’opinion turque, malgré l’inflexibilité du Premier ministre Erdogan.
Des manifestants pro grévistes de la faim, devant le siège du BDP, le principal parti kurde, à Istanbul, dimanche. (Photo Bulent Kilic. AFP)
publié le 5 novembre 2012 à 20h36

Dans la petite foule massée dimanche dans une rue du cœur d'Istanbul devant le siège du Parti de la paix et de la démocratie (BDP), le principal parti kurde, la vieille femme hurle sa colère devant les caméras. «Mon fils enseignant est innocent. Il a été arrêté et écroué pour terrorisme. Il n'a pas touché une seule fois dans sa vie un pistolet. Et maintenant pour faire entendre sa voix, il fait la grève de la faim», explique-t-elle. Quelques instants plus tard, la police dispersait les manifestants avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau. De tels rassemblements ont été aussi durement réprimés ce week-end à Diyarbakir et dans les autres villes du sud-est peuplé en majorité de Kurdes.

«Kebabs». Depuis maintenant plus de cinquante-six jours, des prisonniers kurdes ont lancé une grève de la faim «illimitée et sans rotation». Selon l'Association des droits de l'homme (IHD), 654 détenus de 68 maisons d'arrêt participent à ce mouvement lancé le 12 septembre par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène depuis 1984 la lutte armée contre Ankara pour la reconnaissance des droits politiques des Kurdes. Un conflit qui a fait 45 000 victimes. Ce «jeûne de la mort», le plus massif de l'histoire récente de la Turquie, met en avant trois revendications : la liberté d'un enseignement en langue maternelle (le kurde), le droit pour les accusés de s'exprimer en kurde devant les tribunaux et la fin du régime d'isolement pour Abdullah Ocala