ACatia, l'un des plus grands barrio («quartiers») pauvres de la capitale vénézuélienne, le soleil caribéen se reflète sur une façade blanche flambant neuve, à en aveugler les passants. D'immenses lettres rouges évoquent fièrement la «Grande Mission logement», lancée par le président Hugo Chávez quelques mois avant l'élection présidentielle, en octobre, à l'issue de laquelle il a été confortablement réélu. A l'arrière du bâtiment, des pans entiers de murs s'effondrent, victimes des infiltrations d'eau.
Depuis l'élection, les plaintes se multiplient contre les logements construits à la va-vite. Alberto, ingénieur en construction dans une entreprise privée travaillant pour l'Etat, raconte que ses «chefs [lui] ont mis la pression pour qu'on finisse plus vite. C'est un crève-cœur de faire des logements qui seront inutilisables dans quatre mois, mais on obéit, sinon on perd le marché.» Les médias d'opposition relaient tous les jours les témoignages d'habitants déçus par le programme phare du chavisme. Selon Rafael Uzcátegui, militant de l'association Provea, «les chavistes improvisent en fonction des élections. Ce n'est pas nouveau, le clientélisme en matière de logement est une constante dans cet Etat pétrolier». L'activiste reconnaît cependant que, pour la première fois, ces habitations sont construites sur des standards européens en termes de m² par occupant, et qu'elles disposent de nombreuses commodités.
A Catia comme ailleurs, il est cependa