Une marée humaine a envahi jeudi la nuit chaude et moite de Buenos Aires. Casseroles à la main pour se faire entendre, des centaines de milliers de porteños (habitants de la capitale) ont occupé les places de la ville et se sont entassés sur la «9 de Julio», la plus large avenue du monde. Une foule bigarrée et un peu foutraque, mélangeant les âges et les classes sociales, les orientations politiques et les revendications, a pris la rue d'assaut avec un seul mot d'ordre : la bronca («colère») contre leur présidente, Cristina Kirchner.
Déliquescence. Les griefs sont nombreux, un an après sa triomphale réélection à la tête du pays : insécurité, corruption, impunité de la classe dirigeante, inflation, contrôle des changes rendant difficile l'accès au dollar (la devise chérie de la classe moyenne), déliquescence des institutions, volonté supposée de rester indéfiniment au pouvoir par le biais d'un changement de Constitution permettant la ré-réélection…
La croissance argentine, qui était jusqu’à maintenant de 8% par an en moyenne, devrait être réduite de moitié cette année, notamment en raison de la crise économique mondiale. Et la popularité de Cristina, comme la nomment les Argentins, est en chute libre dans les sondages - elle a fondu de 30%.
«Les vieilles blessures relatives à la fracture sociale due à la grave crise économique et politique de 2001 ne se sont jamais refermées et cette mobilisation en est l'aboutissement», analyse le jou