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grand angle

L’Allemagne a le mal de mères

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Un quart des Allemandes diplômées de l’enseignement supérieur n’ont pas d’enfant. Un phénomène qui inquiète Berlin dans un contexte de chute vertigineuse de la démographie.
L’Allemagne ne compte que huit naissances par an pour 1000 habitants, le taux le plus bas au monde. (Photo Christian Bueno. Flickr)
publié le 12 novembre 2012 à 19h06

Britta a une vie bien remplie. Cadre dans une agence de pub, elle travaille beaucoup, fait du sport, sort pas mal et part parfois au soleil avec Mark, son compagnon. Ils vivent ensemble dans un appartement aéré surplombant Berlin. Voici dix ans, ils ont décidé d'un commun accord de ne pas avoir d'enfant, «pour profiter pleinement de la vie». A 45 ans passés, Britta se demande parfois si elle a fait le bon choix, mais se rassure en regardant le sort de ses amies devenues mères : «Toutes ont dû accepter une cassure dans leur carrière.»

Britta est l'incarnation d'un phénomène allemand suivi de très près par les démographes, celui des quadras et quinquas diplômées et sans gamin. En effet, 20% des Allemandes de l'Ouest nées entre 1960 et 1964 n'ont pas d'enfant, 22% n'en ont qu'un. Et la probabilité d'être sans descendance augmente fortement avec le niveau d'études. «Un quart des diplômées de l'enseignement supérieur n'ont pas d'enfant, résume Christian Schmidt, chercheur à l'institut économique berlinois DIW, alors que ce pourcentage n'est que de 15% chez celles qui se sont arrêtées au bac.»

Le phénomène inquiète les cercles du pouvoir à Berlin, dans un contexte de rigueur et de réduction des dépenses publiques. Car ce sont précisément les femmes les plus aisées qui ne font pas d'enfant, alors que le nombre de jeunes vivant dans un foyer pauvre, qui dépend donc des prestations sociales, ne cesse, lui, d'augmenter. Régulièrement, la presse allema