Menu
Libération
Récit

Expulsions : les suicides font plier les banques espagnoles

Article réservé aux abonnés
Un moratoire gèle les saisies et le gouvernement promet une réforme du crédit hypothécaire, qui a mis des milliers d’Espagnols à la rue.
Des personnes menacées d’expulsion campent devant leur banque à Madrid, le 13 novembre. (Photo Juan Medina. Reuters)
publié le 14 novembre 2012 à 19h02

«Si tu m'enlèves ma maison, je dormirai à ta porte», a écrit sur une pancarte une femme qui, mise à la rue par sa caisse d'épargne, dort devant une de ses succursales, à Alicante. Même si cela arrive trop tard pour elle, le drame des saisies immobilières a été stoppé net, en tout cas en partie. Un moratoire de deux ans a été décrété lundi par l'Association espagnole des banques (AEB). Une décision qui fait suite à deux suicides en moins de quinze jours sous la menace des huissiers.

L'AEB, qui correspond au patronat du secteur bancaire, a suivi les injonctions du chef du gouvernement Rajoy, qui, vendredi, promettait «de tout faire pour juguler ce fléau social» et d'entamer sous peu une réforme de la loi sur le crédit hypothécaire. L'AEB a précisé agir pour des «raisons humanitaires» et «par responsabilité sociale», une façon de signifier qu'elle prend acte de la colère citoyenne sans pour autant lui donner raison sur le fond. En outre, ce moratoire s'applique exclusivement aux «situations extrêmes», notamment lorsque tous les membres d'un foyer sont à la recherche d'un emploi - soit 1,6 million de familles - ou pour les personnes âgées.

Déclic. Chaque jour, ce sont des dizaines de familles qui sont expulsées, dont une grosse partie doit dormir sur des places publiques. Des reportages de télévision se font chaque fois davantage l'écho de cette tragédie. Mais le déclic, ce furent ces deux suicides de personnes sur le point d'être expulsés