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Libération
Interview

Avoir 20 ans en Arctique

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publié le 16 novembre 2012 à 19h06

Voilà une vingtaine d’années qu’Eric Canobbio (1) s’est lancé dans des allers-retours entre la France et l’Arctique, entre ses étudiants de Paris-VIII à Saint-Denis et les jeunes Inuits ou Sami. Pour ce géographe de terrain, le monde polaire ne se borne pas aux gisements pétroliers ou aux nouvelles routes maritimes, mais se distingue par sa population très jeune, confrontée à la fois à la mondialisation, au réchauffement et à un questionnement identitaire.

Quelle coopération entre les populations arctiques ?

C’est seulement après la dislocation de l’URSS que l’ensemble des autochtones polaires eurent accès à une représentation internationale, en particulier à travers le Conseil arctique, créé en 1996. Les populations autochtones y sont présentes mais non votantes, ce qui en dit long sur la réalité de cette gouvernance. Mais ce conseil permet aux autochtones de confronter les expériences. Ces populations sont de plus en plus connectées, je suis maintenant en contact permanent avec eux.

Le Nunavut, avec son avance institutionnelle, fait figure de modèle ?

En effet, dès sa création en 1999, il innove, avec un territoire immense, des droits au sol et au sous-sol (droits miniers). Mais très vite, le modèle est rattrapé par les réalités socio-économiques. Pour mieux comprendre ces sociétés, on peut les comparer avec nos banlieues. Pratiquement la moitié de la population a moins de 17 ans. L’accroissement démographique est très rapide, difficile à suivre économiquement. Il faut construire très vite, la crise du logement est gravissime. Ces jeunes sont urbains à plus de 85%. Le chômage y est ravageur, le